Panoramiques | Ça fait partie du paysage

Sur les images panoramiques, passé et présent se confrontent et questionnent le statut mémoriel des vestiges de guerre et de la commémoration.

Ça fait partie du paysage

1914-2014 Le siècle a métamorphosé l’ancienne ligne du front et absorbé ses vestiges. Dans ces lieux historiques, la Grande Guerre fait désormais partie du paysage.

Aujourd'hui, beaucoup de vestiges de la Grande Guerre ont été absorbés par l'agriculture ou engloutis par l'urbanisation. Intégrés dans la modernisation, ils font tellement partie du paysage qu'on ne les remarque plus. Passé et présent continuent pourtant d'être réunis et l'image panoramique les confronte de manière saisissante.

En évitant de se focaliser sur les seules traces de la guerre – graffitis, ruines, abris, cimetières, … - l’image panoramique élargit le regard à la présence simultanée de la vie d'aujourd'hui et propose ainsi une vision authentique, désacralisée, des vestiges. Innovante dans le champ des travaux sur la mémoire, elle invite à une prise de conscience moderne et renouvelée des évènements. Révéler par l'image, des éléments passés – souvent inaperçus – permet également de ressusciter l'histoire des lieux pour les nouvelles générations.

Sorti des lieux de mémoire sanctuarisés, le vestige apparaît presque perdu dans une urbanisation en mouvement perpétuel et son statut mémoriel même est remis en cause. Il fait partie du paysage mais son histoire fait-elle encore partie de notre mémoire ? Le remarquons-nous seulement ? Faut-il le conserver, sous quelle forme et à quel prix ? La décision nous appartient maintenant que tous les combattants, légitimes "propriétaires" de ces vestiges, ont disparu.

La société doit-elle sanctuariser tous les vestiges de la Grande Guerre ou sont-ils trop encombrants au regard de la nécessité d'une déviation, d'un rond-point, d'un lotissement ou des besoins d'un centre commercial ou d'une exploitation agricole ? Ces vestiges "sauvages" seront-ils perçus comme des balises historiques ou seulement comme des verrues inutiles en marge des lieux de mémoire, sélectionnés, consacrés et organisés ? A moins qu'ils ne donnent naissance à des circuits mémoriels plus confidentiels mais dont la charge émotionnelle aura pour atout l'authenticité.


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